Chez BRUNO en compagnie de Clément BRUNO

Derrière la Côte Varoise, au-delà des premières hauteurs, entre Verdon et Sainte-Baume, se cache un pays caméléon…

J’y suis né et j’y vis. Sa terre me donne vie, énergie et souffle, chaque jour. Au contraire d’autres parages aux mystères faciles, mon Var s’abrite sous une simplicité d’apparence : il se mérite, il faut avoir su y découvrir ses paysages parmi les plus beaux et les garder pour soi, en secret ; ou connaître son histoire invisible car elle est celle du quotidien et de la légende : c’est en elle que se fondent et s’usent encore aujourd’hui les vies humaines.

Dans un ciel toujours pur et sur une terre de surprises, au milieu de villages semblables à des fleurs de pierre, vivent mes frères. Ils sont « caveurs » de truffes ou artistes, potiers de tommettes ou musiciens, écrivains ou bûcherons, poètes et tisserands…

Ils viennent d’ici, d’à côté ou de plus loin, sur ma planète. Ils passent leurs jours à l’ombre des platanes tutélaires, ont appris à écouter le murmure d’une fontaine qui chante.

Ils ont appris, depuis des siècles ou quelques semaines, à survivre des riens qui les entourent. Ils se nourrissent d’étés flamboyants, d’orages dantesques qui sont la voix des dieux de ma terre chamanique, vivante.

À force d’aimer ce ciel, ils sont devenus comme des cerisiers, un peu bas sur pattes, trapus tels des baobabs, avec un pantalon semblable à une écorce suintante de gomme miellée.

Quelques-uns finissent par se confondre avec les rochers et se repaissent d’eau et de feu, de ciel et de terre.

Ils sont forgerons, faïenciers, peintres, bergers, éleveurs d’abeilles, écrivains, artistes, potiers, cuisiniers, enlumineurs, cordonniers, poètes, sculpteurs, santonniers, musiciens….

De mes collines maigres, ils ont tiré la vie belle comme une goutte d’ambre.

Clément BRUNO