Ce site archéologique varois vous plonge dans l’histoire antique du littoral

Ce site archéologique varois vous plonge dans l’histoire antique du littoral

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Surplombant la Méditerranée, le littoral varois est un livre d’histoire à ciel ouvert. À Saint-Raphaël, un site en particulier cristallise des siècles de passage et d’établissement humain : le site de la Péguière. Loin d’être un simple amoncellement de vieilles pierres, ce lieu et ses environs racontent la naissance d’une villégiature antique, les tumultes du Moyen Âge et l’avènement d’une cité balnéaire moderne. Une enquête archéologique et historique qui révèle les multiples visages d’un territoire façonné par la mer et les hommes.

Découverte du site de la Péguière 

Le site de la Péguière n’est pas une découverte récente, mais sa pleine signification se dévoile progressivement grâce aux recherches continues. Il représente une fenêtre exceptionnelle sur le passé, intégrée de manière surprenante dans le paysage urbain et résidentiel de Saint-Raphaël.

Un emplacement stratégique

Situé sur un promontoire offrant une vue imprenable sur la baie, le site de la Péguière bénéficiait d’une position privilégiée. Cette localisation n’était pas un hasard : elle permettait de surveiller les approches maritimes tout en profitant d’un cadre de vie agréable. C’est ici que des générations, depuis l’Antiquité, ont choisi de s’installer. Aujourd’hui encore, le lieu est prisé, comme en témoigne la présence de la Villa La Péguière, une demeure balnéaire caractéristique construite en 1880 par l’architecte Sylvain-Joseph Ravel, qui symbolise une autre époque dorée de la villégiature sur la Côte d’Azur.

La révélation des strates historiques

Les fouilles archéologiques menées sur le site et ses alentours ont mis au jour une occupation continue. Sous les fondations plus récentes, les archéologues ont découvert les traces d’une occupation gallo-romaine de grande ampleur. Ces vestiges ne sont pas isolés ; ils font partie d’un ensemble plus vaste qui définit l’identité historique de la région. Le site de la Péguière est donc un palimpseste où chaque époque a laissé son empreinte, de la villa romaine au manoir du XIXe siècle.

Comprendre la richesse de ce site impose de remonter le temps, bien avant la construction des villas modernes, pour explorer les origines antiques de Saint-Raphaël, alors connue sous un autre nom.

Plongée dans l’histoire antique

Avant de devenir la station balnéaire que l’on connaît, Saint-Raphaël fut un lieu de vie et de passage important durant l’Empire romain. Le site de la Péguière est l’un des témoins majeurs de cette période faste, où la région portait le nom d’Epulias.

Epulias, l’une des premières stations balnéaires romaines

Durant l’Antiquité, le territoire était organiquement lié à la puissante cité de Forum Julii, l’actuelle Fréjus. Epulias n’était pas une simple bourgade, mais une véritable station de villégiature pour les riches familles romaines. Le confort y était une priorité, comme en témoignent les vestiges découverts :

  • Des villas luxueuses (villae maritimae) avec vue sur la mer.
  • Des thermes pour le bien-être et la vie sociale.
  • Un impressionnant réservoir d’eau douce, essentiel pour l’approvisionnement des demeures et des navires faisant escale.

Cette organisation démontre un niveau de sophistication remarquable, faisant d’Epulias une destination de choix il y a plus de deux millénaires.

De la chute de Rome au renouveau médiéval

Avec le déclin de l’Empire romain, la région entre dans une période d’instabilité. Les côtes provençales deviennent vulnérables aux raids, notamment ceux des Sarrasins, qui marquent durablement le territoire. Il faut attendre la victoire de Guillaume de Provence en 972 pour que la sécurité soit restaurée. La région passe alors sous l’influence de puissantes institutions religieuses, comme les abbayes de Lérins et de Saint-Victor à Marseille. C’est dans ce contexte de renouveau que le nom de San Raféu apparaît pour la première fois dans un acte officiel, en 1063, en lien avec une église dédiée à l’archange Raphaël.

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Cette histoire mouvementée a laissé des traces bien concrètes, des vestiges que les archéologues s’efforcent aujourd’hui de préserver et d’interpréter.

Les vestiges archéologiques incontournables

Le patrimoine de Saint-Raphaël ne se limite pas à ce qui est visible en surface. Les découvertes archéologiques, tant terrestres que sous-marines, offrent un témoignage matériel exceptionnel de son riche passé.

Les trésors terrestres

Au-delà du site de la Péguière, c’est toute la commune qui recèle des traces de son histoire. Les vestiges de villas romaines, de viviers ou de systèmes hydrauliques sont autant d’indices qui permettent de reconstituer le quotidien des anciens habitants. Ces découvertes, souvent fragmentaires, sont précieusement étudiées et contextualisées par les archéologues. Une grande partie de ces artefacts, qu’ils soient préhistoriques ou gallo-romains, sont aujourd’hui conservés et exposés au Musée Archéologique de la ville, permettant au public de se connecter directement à ce passé lointain.

Un musée subaquatique à explorer

Le littoral de Saint-Raphaël, qui s’étend sur 36 kilomètres, est un véritable musée sous-marin. Les fonds marins de l’Estérel sont parsemés d’épaves et de vestiges qui racontent des siècles de navigation et de commerce. Des amphores romaines témoignant des échanges en Méditerranée aux barges du débarquement de la Seconde Guerre mondiale, chaque découverte est une pièce du puzzle historique.

Typologie des vestiges sous-marins au large de Saint-Raphaël

Période Type de vestiges courants Signification historique
Antiquité Amphores, ancres, céramiques, restes de navires Commerce maritime intense avec le reste de l’Empire romain
Époque moderne Canons, vaisselle, éléments de navires de guerre Activité navale et conflits en Méditerranée
Seconde Guerre mondiale Épaves de barges, matériel militaire Témoignage du Débarquement de Provence en août 1944

Cette richesse sous-marine est aussi fragile qu’exceptionnelle, faisant de la protection de ce patrimoine une priorité. Elle témoigne de l’importance stratégique et commerciale continue du littoral, une importance qui a attiré au Moyen Âge des ordres puissants chargés de le défendre.

L’impact des templiers à Saint-Raphaël

Si la présence directe des Templiers à Saint-Raphaël même est sujette à débat, l’influence des ordres religieux et militaires au Moyen Âge est, elle, indéniable. Après les invasions, la nécessité de protéger les populations et les routes commerciales a conduit à la fortification du littoral sous l’égide des grandes abbayes et des seigneurs locaux.

Le rôle des ordres monastiques

Comme mentionné, ce sont principalement les moines des abbayes de Lérins et de Saint-Victor de Marseille qui ont hérité des terres après la reconquête de la Provence. Ces puissants ordres monastiques n’avaient pas qu’une vocation spirituelle ; ils étaient de grands propriétaires terriens et des administrateurs. Ils ont organisé la remise en culture des terres, la construction de prieurés et la défense des côtes. Leur action a été déterminante dans la lente reconstruction de la société et du paysage local après les siècles dits « obscurs ».

La fortification du littoral

Pour se prémunir contre les raids pirates, une stratégie de défense a été mise en place. Elle reposait sur la construction de tours de guet et d’églises fortifiées. Ces édifices servaient à la fois de lieu de culte, de refuge pour les habitants en cas d’attaque et de poste d’observation. L’église de Saint-Raphaël, avec son allure de forteresse, est l’exemple le plus emblématique de cette architecture défensive qui a façonné le village médiéval.

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Cette église, cœur historique du village, est bien plus qu’un simple bâtiment religieux ; elle est un monument qui a traversé les âges et a été le témoin silencieux d’événements majeurs.

Le patrimoine préservé de la vieille église

Au cœur du vieux village, l’église romane, également connue sous le nom d’église San Raféu, constitue le noyau historique de la ville. Cet édifice classé monument historique est un livre de pierre qui raconte l’histoire médiévale et moderne de Saint-Raphaël.

Un témoin de l’architecture romane provençale

Construite au XIIe siècle et remaniée par la suite, l’église San Raféu est caractéristique du style roman provençal. Sa tour de guet fortifiée, ajoutée au XIIIe siècle, domine le quartier ancien et rappelle sa double fonction, religieuse et défensive. L’intérieur, sobre et invitant au recueillement, contraste avec l’aspect massif de l’extérieur. Elle est le symbole tangible de la refondation de la cité autour de son protecteur, l’archange Sant Raféu.

Théâtre d’événements historiques nationaux

Ce lieu sacré a été le spectateur privilégié de deux épisodes marquants de l’histoire de France liés à Napoléon Bonaparte. Le 9 octobre 1799, c’est à Saint-Raphaël qu’il débarque, acclamé par la foule, à son retour de la campagne d’Égypte. Quinze ans plus tard, en 1814, c’est depuis ce même port qu’il embarque pour son premier exil vers l’île d’Elbe, dans une atmosphère bien plus morose. Par ailleurs, durant la Révolution française, la ferveur anticléricale et républicaine a conduit à rebaptiser temporairement la ville Barraston, en l’honneur du révolutionnaire Paul Barras, originaire de la région.

De l’Antiquité à l’époque napoléonienne, l’histoire de Saint-Raphaël est d’une densité remarquable. Aujourd’hui, la ville s’attache à valoriser ce patrimoine pour l’offrir aux visiteurs curieux.

Visiter Saint-Raphaël aujourd’hui

Explorer Saint-Raphaël, c’est voyager à travers le temps. La ville moderne a su intégrer les témoins de son passé pour offrir une expérience où culture, histoire et loisirs balnéaires se complètent harmonieusement.

Le musée archéologique, gardien de la mémoire

Situé dans le presbytère de la vieille église, le musée archéologique est une étape incontournable. Il présente de manière didactique le fruit des fouilles menées sur la commune, notamment sur le site de la Péguière et dans les fonds marins. On peut y admirer une riche collection d’amphores, de monnaies, de bijoux et d’objets de la vie quotidienne qui rendent le passé gallo-romain et médiéval particulièrement concret. C’est un lieu essentiel pour comprendre la profondeur historique du territoire avant de partir à sa découverte.

Entre histoire et villégiature moderne

La visite de Saint-Raphaël offre un contraste saisissant entre le charme des ruelles du vieux village, groupées autour de l’église San Raféu, et l’élégance des villas Belle Époque qui bordent le littoral, comme la Villa La Péguière. Le visiteur peut ainsi passer d’une ambiance médiévale à l’atmosphère des débuts du tourisme balnéaire en quelques pas. Cette dualité fait de Saint-Raphaël une destination unique, où les vestiges antiques et les fastes du XIXe siècle dialoguent avec l’animation d’une station moderne de la Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Le site de la Péguière et les autres trésors patrimoniaux de Saint-Raphaël illustrent parfaitement comment une ville peut se construire sur les fondations de son histoire. Des villas romaines d’Epulias à l’église fortifiée médiévale, en passant par les séjours de Napoléon, chaque strate a contribué à forger l’identité de cette cité varoise. Visiter Saint-Raphaël, c’est donc bien plus que profiter de ses plages ; c’est s’offrir une immersion dans 2000 ans d’histoire méditerranéenne.

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