Nichée au plus profond du massif des Maures, à l’écart du tumulte de la côte varoise, se dresse une silhouette de pierre qui défie les siècles. La Chartreuse de la Verne, l’un des plus importants édifices monastiques de Provence, est un havre de paix et de silence. Plus qu’un simple monument historique, ce lieu chargé d’âme offre une immersion dans une histoire mouvementée et un cadre naturel d’une rare intensité. Loin des sentiers battus, sa découverte est une expérience qui marque les esprits, un voyage à travers le temps où la spiritualité et la beauté brute de la nature se rencontrent.
Table des matières
Découverte de la Chartreuse de la Verne : un joyau de Provence
Un site classé au cœur d’une nature sauvage
La première impression en arrivant à la Verne est celle d’un isolement total. Le monastère est littéralement blotti dans un écrin de verdure, au cœur des 150 000 hectares du massif des Maures. Cette position retirée, voulue par les moines chartreux en quête de solitude, contribue aujourd’hui à sa préservation et à son atmosphère si particulière. Classée monument historique dès 1921, la chartreuse a fait l’objet de longues campagnes de restauration qui lui ont permis de retrouver sa splendeur. Le contraste entre l’imposante architecture et la forêt dense de chênes-lièges et de châtaigniers qui l’entoure est saisissant.
L’architecture en serpentine, une signature locale
Ce qui frappe également le regard, c’est la couleur singulière des murs. Les bâtiments actuels, datant majoritairement des XVIIe et XVIIIe siècles, ont été construits en serpentine, une pierre extraite localement. Cette roche métamorphique aux teintes vertes et grises confère à l’ensemble une unité chromatique et une intégration parfaite dans le paysage. La robustesse de l’édifice, avec ses murs épais et ses voûtes puissantes, témoigne autant de la nécessité de se protéger que de la volonté de construire pour l’éternité.
Cette apparence majestueuse est le fruit d’une histoire longue et souvent tumultueuse.
L’histoire fascinante de la Chartreuse
Des origines médiévales mouvementées
La fondation de la chartreuse remonte à 1170, sur l’emplacement d’un ancien prieuré nommé Notre Dame de la Verne. La première église romane fut consacrée quatre ans plus tard, le 3 octobre 1174. Cependant, la quiétude des lieux fut de courte durée. L’histoire du monastère est jalonnée d’épreuves et de destructions. Plusieurs incendies ravagèrent les bâtiments, notamment :
- En 1214
- En 1271
- En 1318
À ces catastrophes s’ajoutèrent les pillages de seigneurs locaux et de bandes de brigands. Chaque fois, avec une ténacité remarquable, la communauté des moines chartreux a relevé les ruines et reconstruit son monastère, l’agrandissant au fil des siècles.
De l’abandon à la renaissance
La Révolution française marqua un point d’arrêt brutal à près de six siècles de présence monastique. En 1789, les biens de l’Église furent confisqués et les moines durent s’exiler en 1792. Vendue comme bien national, la chartreuse tomba lentement en ruine, livrée à l’abandon et aux caprices du temps. Il fallut attendre son classement en 1921 pour que sa sauvegarde devienne une priorité. D’importants travaux de restauration, soutenus par le mécénat, furent entrepris au XXe siècle pour sauver ce qui pouvait encore l’être et redonner vie à ce patrimoine exceptionnel.
Sauvée de la ruine, la Chartreuse a pu retrouver sa splendeur originelle, magnifiée par le cadre naturel exceptionnel qui l’entoure depuis toujours.
Un cadre naturel exceptionnel au cœur du massif des Maures
Le massif des Maures, un écrin de verdure
Visiter la Verne, c’est aussi s’immerger dans le massif des Maures, une chaîne de montagnes aux reliefs doux et recouverte d’une végétation dense et typiquement méditerranéenne. Le nom « Maures » viendrait du provençal « mauro », qui signifie « sombre », en référence à la couleur foncée de ses forêts de chênes-lièges et de châtaigniers. Cet environnement offre un sentiment de déconnexion immédiat. Le chemin qui mène à la chartreuse est déjà une expérience en soi, une transition progressive du monde moderne vers un univers de tranquillité.
Le silence, un patrimoine immatériel
Plus encore que la pierre ou la forêt, c’est le silence qui constitue le véritable trésor de la Verne. Ce silence n’est pas une absence de bruit, mais une présence palpable, seulement troublée par le chant des oiseaux ou le bruissement du vent dans les arbres. Il est l’héritage direct de la vocation première du lieu, dédié à la prière et à la contemplation. Pour le visiteur, respecter ce silence permet de s’imprégner pleinement de l’atmosphère spirituelle et apaisante qui émane des murs séculaires.
Pour profiter pleinement de cette atmosphère unique, une visite bien préparée s’impose.
Conseils pratiques pour visiter la Chartreuse de la Verne
Accès et conditions de visite
La Chartreuse de la Verne est accessible par la route départementale D14 depuis Collobrières ou Grimaud. La route est étroite et sinueuse, invitant à la prudence. Il est crucial de noter qu’en raison des risques élevés d’incendie, l’accès au massif des Maures, et donc à la chartreuse, peut être réglementé ou totalement interdit de juin à septembre. Il est impératif de se renseigner auprès de l’office de tourisme ou de la préfecture du Var avant de prendre la route durant la période estivale.
Horaires et tarifs
Le site est ouvert aux visiteurs toute l’année, mais les horaires varient selon la saison. La visite permet de découvrir les parties non claustrales du monastère, comme la porterie, la boulangerie, le cellier et les dépendances, offrant un aperçu de la vie monastique autarcique. Voici un aperçu des informations utiles :
| Période | Horaires d’ouverture | Tarifs indicatifs (adultes) |
|---|---|---|
| Été (jusqu’au 31 août) | 11h00 – 18h00 | Variable, se renseigner sur place |
| Reste de l’année | 11h00 – 17h00 | Variable, se renseigner sur place |
Une fois la visite de ce lieu hors du temps achevée, la région environnante offre d’autres trésors à explorer.
Les incontournables à proximité de Collobrières
Collobrières, la capitale de la châtaigne
À quelques kilomètres de la chartreuse se trouve le village de Collobrières, considéré comme la capitale du massif des Maures et de la châtaigne. Ce village authentique, avec ses ruelles pavées, ses maisons anciennes et son pont du XIIe siècle, mérite une halte. C’est l’occasion de déguster les spécialités locales à base de châtaignes, comme les marrons glacés, la crème de marrons ou la liqueur. Chaque année en octobre, les Fêtes de la Châtaigne attirent de nombreux visiteurs.
Randonnées et découvertes dans les Maures
Le massif des Maures est un formidable terrain de jeu pour les amateurs de randonnée. De nombreux sentiers balisés permettent de découvrir la faune et la flore locales. Partir en balade autour de la chartreuse offre des points de vue spectaculaires sur le monastère et le paysage environnant. Parmi les parcours possibles :
- Le sentier des crêtes, offrant des panoramas sur la Méditerranée.
- Les boucles au départ de Collobrières, à travers les châtaigneraies.
- La découverte des menhirs du plateau Lambert, témoins d’une occupation préhistorique.
Ces activités profanes contrastent et complètent la dimension spirituelle qui a récemment repris ses droits entre les murs de la chartreuse.
La renaissance de la vie monastique à la Verne
L’arrivée des Sœurs de Bethléem
Après des décennies de silence et d’abandon, la vie monastique a repris à la Verne. Depuis 1983, le monastère abrite une communauté de moniales de la famille monastique de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de saint Bruno. Elles ont pris le relais des pères chartreux, perpétuant une tradition de prière, de travail et de solitude dans ce lieu prédestiné au recueillement.
Une spiritualité vécue au quotidien
Les sœurs vivent dans la partie claustrale du monastère, non accessible au public, afin de préserver leur vocation contemplative. Cependant, leur présence discrète imprègne tout le site d’une intense spiritualité. Les visiteurs peuvent assister à certains offices liturgiques dans l’église et découvrir l’artisanat monastique (poteries, faïences, icônes) dans la boutique de la porterie. Cette présence vivante fait de la Chartreuse de la Verne bien plus qu’un musée : un lieu où l’âme des pierres continue de vibrer au rythme de la prière.
La Chartreuse de la Verne s’impose comme une destination à part en Provence. C’est un lieu où l’histoire tourmentée d’un édifice rencontre la force tranquille d’une nature préservée. Sa visite est une triple découverte : celle d’un patrimoine architectural unique, celle d’un sanctuaire de biodiversité au cœur des Maures, et celle d’une spiritualité vivante qui continue d’animer ce havre de silence et de paix.








