Au cœur du Var, un paysage inattendu se déploie, évoquant les lointaines savanes africaines avec ses pins parasols majestueux et ses chênes-lièges séculaires. C’est dans ce décor surprenant que se cache un secret millénaire : les menhirs de la plaine des Maures. Ces sentinelles de pierre, érigées il y a entre 5000 et 7000 ans, se dressent comme les témoins silencieux d’une histoire humaine profondément ancrée dans cette terre. Loin de l’agitation du littoral, une balade sur ce territoire protégé offre une immersion dans un univers où la nature sauvage et les vestiges préhistoriques composent une partition mystérieuse et fascinante.
Table des matières
Découverte des menhirs de la plaine des Maures
Les mégalithes de la plaine des Maures, bien que moins célèbres que leurs homologues bretons, n’en sont pas moins impressionnants. Disséminés dans le paysage, ils invitent à une quête archéologique à ciel ouvert, où chaque pierre raconte une bribe du passé néolithique de la région.
Le plateau de Lambert, un site emblématique
Le principal regroupement de ces géants de pierre se trouve sur le plateau de Lambert, non loin de la commune de Collobrières. C’est ici que l’on peut admirer les menhirs les plus spectaculaires, dont certains dépassent les trois mètres de hauteur. Leur disposition suggère un alignement intentionnel, dont la signification exacte reste encore un sujet de débat parmi les spécialistes. Se promener entre ces monolithes, c’est toucher du doigt une histoire qui nous précède de plusieurs millénaires, une expérience à la fois humble et saisissante.
Caractéristiques des monolithes
Taillés dans le grès et le schiste locaux, les menhirs de la plaine des Maures présentent des formes variées, allant de la stèle brute à des silhouettes plus travaillées. Leur érection témoigne d’une organisation sociale complexe et d’une maîtrise technique remarquable pour l’époque. Le transport et le levage de ces blocs, pesant plusieurs tonnes, nécessitaient une coordination et une force collective considérables.
| Nom du menhir | Hauteur approximative | Matériau principal |
|---|---|---|
| Menhir de la Pierre Plantée | 3,20 mètres | Grès permien |
| Menhir de la Bastide Neuve | 2,80 mètres | Schiste |
| Menhir du Puits de la Garde | 2,50 mètres | Grès |
La contemplation de ces vestiges physiques incite naturellement à explorer le cadre exceptionnel qui les abrite, un territoire façonné par le temps et les éléments.
Une balade au cœur de la savane varoise
S’aventurer dans la plaine des Maures, c’est bien plus qu’une simple randonnée. C’est une immersion dans un écosystème unique en France, où la faune et la flore composent un tableau vivant et coloré. Les sentiers balisés permettent de découvrir les multiples facettes de ce paysage protégé.
Itinéraires de découverte
Plusieurs parcours de randonnée sillonnent la réserve, adaptés à tous les niveaux. L’un des plus prisés est la boucle qui mène au lac des Escarcets, un plan d’eau artificiel devenu un haut lieu de la biodiversité locale. Le long du chemin, le paysage change, passant de chênaies denses à des clairières ouvertes où les dalles de grès rose affleurent, créant une atmosphère véritablement dépaysante. Il est recommandé de se munir d’une carte des sentiers, car l’immensité de la plaine peut être désorientante.
Le lac des Escarcets, un joyau naturel
Ce lac est le cœur battant de la réserve. Il constitue un refuge essentiel pour de nombreuses espèces, notamment les oiseaux migrateurs et la fameuse tortue d’Hermann. Au printemps, ses abords se parent de mille couleurs grâce à la floraison des iris sauvages et autres fleurs des zones humides. C’est un lieu idéal pour une pause contemplative, où le silence n’est rompu que par le chant des oiseaux ou le coassement des grenouilles. Le respect du site est primordial pour ne pas perturber cet équilibre fragile.
En parcourant ces sentiers et en observant ces paysages, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur les peuples qui ont foulé cette même terre il y a des milliers d’années pour y ériger leurs monuments.
Histoire et mystères des menhirs
Les menhirs de la plaine des Maures sont les vestiges d’une occupation humaine datant du Néolithique, entre 4000 et 3000 ans avant notre ère. Leur présence soulève de nombreuses questions sur les croyances, les rituels et l’organisation sociale des premières communautés sédentaires de la région.
Une société préhistorique organisée
L’érection de tels monuments n’est pas le fruit du hasard. Elle implique une société structurée, capable de mobiliser une main-d’œuvre importante pour des projets collectifs de grande envergure. Ces hommes et ces femmes du Néolithique étaient probablement des agriculteurs et des éleveurs, ayant développé une connaissance approfondie de leur environnement. Les menhirs pourraient être des marqueurs de territoire, des lieux de culte liés aux cycles agraires ou des monuments funéraires. Chaque pierre est une archive silencieuse de cette société préhistorique avancée.
Théories et interrogations
Malgré les recherches archéologiques, le rôle exact de ces mégalithes reste en partie une énigme. Plusieurs hypothèses coexistent :
- Fonction astronomique : Certains alignements pourraient correspondre à des levers ou couchers de soleil lors des solstices et des équinoxes, servant de calendrier primitif.
- Culte de la fertilité : La forme phallique de certains menhirs suggère des rituels liés à la fécondité de la terre et des hommes.
- Repères territoriaux : Les pierres dressées auraient pu délimiter les territoires de différents clans ou tribus.
Le mystère qui les entoure participe grandement à la fascination qu’ils exercent. Ils nous rappellent que notre histoire a des racines profondes, ancrées dans un monde dont nous ne percevons que des fragments.
Ces interrogations sur le passé humain trouvent un écho dans la richesse de l’environnement naturel qui a peu changé depuis des millénaires.
Écosystème unique de la plaine des Maures
Classée réserve naturelle nationale en 2009, la plaine des Maures s’étend sur plus de 5 000 hectares. Elle constitue un sanctuaire pour une biodiversité exceptionnelle, caractérisée par la coexistence d’espèces méditerranéennes et d’influences plus continentales.
La tortue d’Hermann, un symbole local
L’espèce la plus emblématique de la plaine est sans conteste la tortue d’Hermann. Il s’agit de la dernière tortue terrestre de France métropolitaine, et la réserve abrite l’une de ses plus importantes populations. Cet animal discret, menacé par la fragmentation de son habitat et les incendies, fait l’objet d’une attention particulière et de programmes de conservation. L’apercevoir lors d’une balade est un privilège rare qui impose la plus grande discrétion.
Une mosaïque d’habitats
La richesse de la plaine réside dans sa diversité de milieux. On y trouve une alternance de forêts de chênes-lièges, de pinèdes de pins parasols, de prairies sèches (les « pelouses »), de landes à bruyère et de mares temporaires qui s’assèchent en été. Cette mosaïque d’habitats favorise la présence d’une faune et d’une flore variées, avec de nombreuses espèces d’insectes, d’amphibiens, de reptiles et d’oiseaux. Les jardins d’iris sauvages au printemps sont un spectacle naturel à ne pas manquer.
Pour profiter pleinement de ces merveilles naturelles et historiques, une bonne préparation est essentielle.
Conseils pour une visite réussie
Explorer la plaine des Maures et ses menhirs est une expérience enrichissante, mais qui requiert quelques précautions pour garantir à la fois votre sécurité et le respect de cet environnement sensible.
Quand et comment s’y rendre ?
Les meilleures saisons pour la visite sont le printemps et l’automne, lorsque les températures sont douces et la nature exubérante. L’été peut être très chaud et le risque d’incendie élevé, entraînant parfois la fermeture des massifs. Plusieurs points d’entrée permettent d’accéder à la réserve, notamment depuis les communes de Vidauban, Le Cannet-des-Maures ou Collobrières. Il est conseillé de se garer sur les parkings aménagés pour ne pas gêner la circulation et préserver les abords des chemins.
Équipement et bonnes pratiques
Une visite réussie passe par un équipement adapté et un comportement responsable. Voici une liste d’éléments à ne pas oublier :
- De bonnes chaussures de marche.
- Une quantité d’eau suffisante, surtout par temps chaud.
- Une protection solaire : chapeau, lunettes, crème.
- Une carte des sentiers ou une application GPS de randonnée.
- Des jumelles pour observer la faune sans la déranger.
Il est impératif de rester sur les sentiers balisés, de ne pas cueillir de plantes, de ne pas faire de feu et de remporter tous ses déchets. Le silence et la discrétion sont de mise pour ne pas effrayer les animaux.
Adopter ces gestes simples est la meilleure façon de contribuer à la protection de ce patrimoine exceptionnel, dont la pérennité est un enjeu majeur.
Préservation et enjeux environnementaux
La plaine des Maures est un territoire précieux mais fragile. Sa préservation est au cœur des préoccupations des gestionnaires de la réserve naturelle et des acteurs locaux, qui font face à de multiples défis.
Le rôle de la réserve naturelle nationale
Créée en 2009, la réserve a pour mission principale de protéger le patrimoine géologique, la faune, la flore et les habitats de la plaine. Cela passe par des actions concrètes : suivi scientifique des espèces, gestion des milieux (comme le débroussaillage pour limiter les risques d’incendie), restauration de zones dégradées et sensibilisation du public. L’objectif est de concilier la protection de la biodiversité avec les activités humaines traditionnelles et l’accueil des visiteurs.
Les défis de la conservation
Malgré son statut de protection, la plaine des Maures reste vulnérable. La pression urbaine à sa périphérie, le risque d’incendie (particulièrement élevé dans le Var) et les impacts du changement climatique sont les principales menaces. La surfréquentation de certains sites peut également causer des dégradations. La conservation de cet écosystème unique repose sur un équilibre délicat entre protection stricte et ouverture au public, un défi constant pour les gestionnaires du site.
Cette balade au cœur de la savane varoise est une véritable machine à remonter le temps. Elle nous connecte à la fois à l’histoire lointaine de l’humanité, symbolisée par les mystérieux menhirs, et à la beauté intemporelle d’une nature sauvage et préservée. La plaine des Maures offre une double lecture, archéologique et écologique, rappelant l’importance de protéger ces paysages qui sont le berceau de notre histoire et un sanctuaire pour la biodiversité. C’est une invitation à la contemplation et au respect d’un patrimoine d’une richesse inestimable.








