Le Var Gourmand
Comment faire le tour d’un territoire aux si nombreuses richesses et aux 24 siècles d’histoire ? C’était pour moi une question aux multiples interrogations. J’avais commencé à entrevoir la réponse, côté belle lumière de mer, côté jardins où il fait si bon se promener et côté villages perchés que j’avais fini par dénicher. Il me restait à parcourir ces villages du terroir aux produits naturels capiteux et capitaux. Je vous fais partager le bonheur de toutes ces saveurs,… bon appétit !
Village d’Aups…
Caressé par un soleil tendrement amical, ouverture nature sur le Parc Naturel du Verdon, niché sous la montagne des Espiguières, j’arrive dans un des plus beaux villages de caractère, Aups. Je suis immédiatement baigné dans son atmosphère. Au-dessus de moi, à 25 mètres de haut, la tour de l’horloge qui indique l’heure depuis le XVIème siècle, de superbes cadrans solaires et devant moi la magnifique Porte des Aires, des fontaines qui ont la patine de l’ancien, des demeures en héritage du moyen âge et des placettes ombragées. Et toutes ces traces d’un passé qui se laisse raconter de pavé en pavé, ceux des vestiges du château fort, de la collégiale gothique et des remparts du XII° et XVI°. Mais Aups c’est d’abord une réputation à propos de produits de table vraiment remarquables comme le vin de toutes les couleurs, le miel aux goûts rares, l’huile d’olive à la teinte et aux arômes raffinés, une épice qui fait de chaque dégustation, une exception, le safran, un fromage de chèvre au nom et au renom sur toutes les lèvres et évidemment le diamant noir, la truffe, dont le marché d’hiver est un lieu connu de tous les amateurs en la matière. Immédiatement me vient à l’esprit cette citation d’Oscar Wilde « la meilleure façon de résister à la tentation c’est d’y céder ». Alors je ne me fais pas prier et sans tarder je me mets à déguster. La chair d’un noir lumineux est subtilement piquetée de blanc et les 70 composants aromatiques flattent délicieusement les uns après les autres mon palais. Désormais, j’ai les papilles qui frétillent.
En route vers le Village de Collobrières …..
Me voici en route, vers Collobrières, la capitale de la forêt des Maures, la gourmandise affûtée et aiguisée par le joyau noir que je viens de déguster. Un village blotti contre son église gothique, dont la renommée doit beaucoup aux chênesliège et bien sûr aux châtaigneraies. Tout ici, des vieilles demeures rénovées avec de superbes façades, les murs qui murmurent, la délicate attention de la végétation jusqu’au moindre buisson, aux petites rues en calade, incite à la promenade.
Une balade qui se poursuit les yeux grand ouverts en passant par le vieux pont en dos d’âne du XIIème, audessus des eaux de la rivière Real Collobrier, jusqu’à la jolie fontaine historique de la Place de la Mairie. Avant de me laisser aller à m’attabler, sous l’ombre bienfaisante et apaisante des platanes de la place Rouget de L’Isle, exactement au bon moment : celui de l’apéritif. Le plat de résistance auquel je ne résiste qu’une fraction de seconde c’est le marron glacé. Me voilà à la Confiserie Azuréenne, le navire amiral de ce produit typiquement local. Les saveurs éclatent en mille et une bulles de fraicheur sous la dent. Je me fais la promesse impérative de revenir lors d’un temps fort . A l’automne, au moment de la prestigieuse fête des châtaignes qui a lieu les trois derniers dimanches d’Octobre. Je pourrai ainsi me régaler de châtaignes sous toutes ses formes.
Le saviez-vous ?
Un nom à l’origine alpine : Aups proviendrait du mot Alpes en occitan.
La rabasse : C’est le nom de la truffe noire en provençal –
La truffe a son musée : « à la Maison de la truffe d’Aups et du Verdon », en l’explorant de cinq façons différentes par les cinq sens, en revivant l’Aventure de la truffe, en s’informant sur sa culture actuellement et bien entendu en emportant des produits hors du commun,
on découvre un lieu truffé d’informations et propice à la dégustation.
La phrase historique de Jules César : Il y est passé pour combattre en Gaule et il aurait dit « je préfère être premier à Aups qu’être second à Rome »
Appelé brun foncé : Le massif des Maures doit son nom, au vieux provençal « Maurus » qui signifie brun foncé,
celui de la teinte des collines.
Des couleuvres apprivoisées : A Collobrières, depuis longtemps, elles sont domestiquées. Depuis la lointaine époque où on les a aperçues pour la première fois dans la rivière Réal Collobrier, Elles ont donné leurs armoiries et leur nom au village.
La castanéïculture : c’est l’appellation de la culture du marron
Vous voyez des Châtaignes ou des marrons ? Tout dépend à qui l’on pose la question. Le cultivateur vous dira que tout châtaignier produit à la fois châtaignes et marrons. Le confiseur et le scientifique vous répondront que la châtaigne est un fruit cloisonné, c’est à dire qu’une petite peau appelée tan, traverse et divise le fruit comme dans une noix. Alors que le marron est au contraire un fruit non cloisonné, il reste entier une fois décortiqué. Le châtaignier produira des châtaignes si la proportion de fruits cloisonnés est supérieure à 12%, il produira des marrons si cette proportion est inférieure à 12%.
Un illustre visiteur
« J’étais dans une forêt délicieuse, un vrai maquis corse, un bois de contes de fées fait de lianes fleuries, de plantes aromatiques aux odeurs puissantes et de grands arbres magnifiques. Les granits dans le chemin brillaient et roulaient, et par les jours entre les branches, j’apercevais soudain les larges vallées sombres, s’allongeant à perte de vue, pleines de verdure » C’est ce qu’écrivait et décrivait, à propos du Massif des Maures, un célèbre touriste. Il s’appelait Guy de Maupassant !